Raiddogs 1ère édition

Un week end magique.

Tout a démarré par un trajet fini sous la neige le vendredi soir. Une mise en place du campement laborieuse et un changement de bouteille de gaz dehors à 3h30 sous les encouragements de bibiche. Le samedi matin, au réveil, après une nuit difficile, le paysage ensoleillé que je découvre est magnifique. La neige est tombée dans la nuit et les dameuses sont à l’œuvre. Tous les mushers se réveillent et les chiens sont mis à la stake-out. L’atmosphère est prenante. Le matériel pour la Raiddogs commence à arriver et la mise en place se fait petit à petit. Une fois l’arche de départ montée, je sens la pression arriver. Le briefing de pré-course clarifie les choses. On est venu sans objectif de résultat mais on n’a pas envie d’être ridicule. Alors que bibiche prend son rôle de juge de course, l’attente commence pour moi. Je vais voir les chiens, les sors puis les rentre au camion, leur faisant sûrement ressentir la pression que je me mets. Ça y est, Michèlepeut se libérer, le traineau est déjà monté, on équipe les chiens. En quelques minutes, je suis sur la ligne de départ, décompte fini, je demande aux chiens de partir. Ils s’élancent rapidement sous les encouragements des spectateurs. La sensation est agréable mais je suis déterminé et concentré. Ne pas faire d’erreur et que tout se passe bien pour les chiens. Quelques mètres après le départ, une première chicane est présente et un panneau nous gêne en plein milieu, nous le percutons. Lucky s’emmêle, Loka n’écoute pas vraiment, mais nous continuons. On se reprend mais on a perdu du temps, nous sommes dépassés dans la première partie du parcours. Loka n’en fait qu’à sa tête sur les directions m’obligeant à m’arrêter. Dans les montées je les aide en poussant le traineau et j’ai l’objectif de faire une bonne course, je ne lâche rien. Dans la deuxième partie, nous trouvons de grosses montées et je pousse fort le traineau pour les aider. Le physique de l’homme est mis à l’épreuve autant que celui des chiens. C’est agréable de savoir que c’est l’équipe au complet qui est face au parcours. En revanche, pas de miracle, Après avoir dû poser l’encre une fois pour démêler Lucky, je dois la poser une deuxième fois pour ramener l’attelage sur la piste alors que Loka voulait nous embarquer sur la route départementale lors d’une traversée de route. Pourtant la fin de parcours, passant au centre de la station est agréable, mais nous rejoignons l’arrivée sans grande conviction. Finalement l’objectif de résultat s’effondre assez vite. Loka ayant ressenti la pression que je me suis infligé, me voilà bien embêté et déçu. Nous apprenons tout de même que nous sommes troisièmes dans notre catégorie à une minute du second et avec une minute d’avance environ. Finalement, on ne perd pas espoir.

Après une soirée au bivouac et une nuit meilleure que la précédente, le dimanche débute et nous sommes rapidement mis dans le bain avec l’installation du matériel de course. La raiddogs en tant que participant et bénévole ce n’est pas de tout repos. Le départ pour la seconde manche arrive rapidement et l’objectif est de rester sur le podium. Secrètement, j’espère gravir une place. Je repars toujours aussi déterminé et j’ai envie d’en découdre. Les objectifs de seulement bien faire ont laissé place à l’esprit de compétition. L’attelage démarre rapidement, la neige est meilleure. La première chicane passe mieux et la première grande courbe est prise à fond en glisse. Je sens l’attelage beaucoup mieux et on aperçoit rapidement la numéro 2. Je cours dans chaque montée et pousse le traineau pour garder un rythme soutenu. Nous sommes rapidement en train de dépasser la numéro 2 qui était partie une minute avant nous. Nous sommes à la lutte avec cette dernière sur deux kilomètres puis nous creusons l’écart. Nous continuons et les directions sont bonnes. Me voilà rassuré et rapidement dans la seconde partie du parcours où je retrouve les importantes montées. Je cours et pousse au maximum. Nous doublons des équipages d’autres catégories et nous voilà dans le centre de la station pour finir le parcours en pilotant le traineau correctement. Les chiens passent la ligne d’arrivée et j’ai le sentiment du travail bien accompli. Je n’ai plus qu’à féliciter les chiens et attendre le chronométrage. 

Le résultat tombe, nous sommes seconds. Pour une première course nous faisons un podium. Je me suis rapidement pris au jeu et à la compétition. Après 13 ans dans le milieu cynophile des forces de l’ordre, j’ai découvert une autre discipline. Un sport canin où l’homme et les chiens font aussi partie d’une équipe et s’entre-aident. Comme dans ma spécialité professionnelle, on sent une fusion avec l’animal, avec son équipage. Peu importe ce que l’on fait, mais lorsque c’est avec des animaux, nous sommes vite rappelés à l’ordre sur le fait qu’ils ont aussi leurs émotions, leurs humeurs, leur caractère. Cela nous rappelle également que nous devons faire preuve d’humilité et les respecter. 

J’emmène Nestea avec moi sur le podium mais je suis fier de mon équipage au complet. Fier d’avoir vu tout ce qu’ils ont pu donner pendant la course. Même en ayant beaucoup donné physiquement, ils ont fait le principal. Le chien n’est pas le meilleur ami de l’homme pour rien. Ils nous donneront toujours plus que ce que nous leur offrons.

Devoir cynophile numéro 3 de Joseph Ortega : « Si tu es fâché contre moi, oublie vite et ne m’enferme pas pour me punir. Tu as ton travail, tes amis, tes plaisirs, moi je n’ai que toi. »

Fred